
Épisode 18 – Premiers pas sur Eeloo et dernière mission
Après le semi échec de la mission de la sonde FSLG, Gene Kerman décida… de faire la même chose en encore plus fort, en envoyant deux Kerbals faire un aller retour sur Eeloo. Pourquoi cette décision a priori insensée et cette apparente confiance absolue quant à ce projet fou ? Car la fusée servant de base aux Kerbapollo Mk1, même avec une petite charge comme la sonde, n’était pas assez puissante. Fut donc ressorti le craft ultime du KSCFS : le FS Kerbal Asparanuke Mk2. Comme son nom l’indique, son système de propulsion principal lui assure beaucoup de delta/v, sans compter le système de lander 2 en 1 pour économiser du poids. Le tout monté sur le lanceur le plus puissant jamais construit par l’agence : la FS-AsparaHeavy, plus de 500 tonnes avec 6000 m/s de delta/v à lui tout seul, de quoi assurer un début de mission très confortable. Cet ensemble n’a volé qu’en orbite de Kerbin, pour tester la conserve modulaire, et a sur le papier près de 12 000 de delta/v une fois en orbite (étage nucléaire seul), de quoi largement faire un aller retour vers Eeloo, comme cela avait été calculé à l’époque. Quelques modifications mineures fut apportées avant la mission : changement des réservoirs de RCS du lander pour de plus gros modèles, ajout de 6 séparatrons par moteur latéral du premier étage pour garantir un découplage en toute sécurité, remplacement des panneaux solaires par les nouvelles versions rondes plus efficientes (essentielles vu la distance au soleil de l’objectif) et enfin, puisque là où on va il n’y a pas d’atmosphère pour freiner, remplacement des parachutes sur le dessus par plein de batteries.
Il était désormais temps d’y aller. Au top départ du centre de contrôle, Jeb et Val mirent sous tension les circuits d’allumage, puis deux secondes plus tard déchaînèrent d’un coup de manette les 22 476 tonnes de poussée du lanceur, qui décolla avec une telle accélération qu’il fallut se mettre à 45 degrés tout de suite. Mais cet angle n’était pas assez suffisant pour avoir une trajectoire suborbitale bien allongée pour une mise en orbite économe… tant pis. 2071 m/s de burn pour rejoindre Eeloo, ça a l’air raccord avec ce qu’il y a marqué sur la delta/v map. 146 jours d’attente en orbite et presque 2 minutes de burn plus tard, Jeb et Val étaient sur la bonne trajectoire, seule était prévue une minuscule correction au quart de trajet, pour que la trajectoire finale passe au plus près de la planète cible, dans la limite de prévision d’une manœuvre au RCS effectuée aussi tôt. Mais le déploiement des antennes ayant été oublié, le contact avec Kerbin fut perdu avant même de quitter la SOI de cette dernière : les ingénieurs du KSCFS ne purent donc que suivre le vaisseau a partir d’une extrapolation de sa dernière trajectoire connue, sans connaître précisément son état et celui des kerbals à l’intérieur.
Après 4 ans de voyage, nos deux Kerbonautes entrèrent dans la SOI la plus lointaine du système Kerbol. C’est un peu avant d’y arriver qu’ils se rendirent compte de leur oubli, et ce moment est arrivé trop tard : ils étaient trop loin de Kerbin, sans relais dans le coin. Mais les deux Kerbonautes aguerris ont un peu l’habitude d’être ainsi livrés à eux mêmes, surtout qu’ils s’entendent très bien. Après quelques corrections pour amener le periapsis à 45 km, la circularisation fut entamée et dura assez longtemps à cause des nuke, si bien qu’il fallut refaire des corrections d’orbite derrière. Finalement, après avoir attendu de passer au dessus du terminateur de la planète pour être sûr d’atterrir du bon côté, le lander se détacha de l’ensemble pour se désorbiter, et après plusieurs minutes de descente et un premier gros freinage de 3000 à 1000 mètres, se posa délicatement sur la surface de la naine glacée.
Ça y est : 80 ans après le début du programme, le KSCFS avait atteint la dernière planète. Après l’activation simultanée des instruments de mesure pour collecter les relevés de science (purement symbolique depuis la mission de Jeb sur Vall), l’échelle fut déployée et Jebediah descendit faire ses premiers pas sur Eeloo, vite rejoint par Valentina qui planta le drapeau du KSCFS après un petit tour improvisé en jetpack. Le paysage était blanc, uniforme mais irrégularisé par de nombreux cailloux plats de la même couleur, et en levant la tête nos deux kerbals virent un soleil comme jamais ils n’avaient vu d’aussi petit. Valentina récupéra un petit échantillon de sol en souvenir avant de remonter dans le lander, suivi par Jeb. Après une journée Eelooienne d’attente pour que la partie propulsive AsparaNuke soit au dessus du site, attente plus longue d’escomptée car son orbite n’était pas équatoriale, le lander décolla pour aller se placer en orbite, et après quelques moments d’attentes et nœuds de manœuvre bien placés, finit par rejoindre sa cible, qui avait légèrement dévié par rapport à l’axe normal, sans doute à cause de son orbite inclinée. Mais les talents de pilotage de nos Kerbonautes préférés n’était plus à prouver, et malgré une approche dans le mauvais sens (le docking port est sous le lander), les deux vaisseaux ne refirent bientôt plus qu’un.
Il était temps de calculer la trajectoire du retour. Mais elle fut un peu plus compliquée que d’habitude au vu de l’orbite plutôt inhabituelle d’Eeloo. Pour commencer, le calculateur de bord refusait de donner un résultat tant que l’orbite n’était pas dans le plan écliptique. Ce petit désagrément corrigé, l’outil de planification pouvait être de nouveau utilisé, et donna un trajet de retour perdait vers Kerbin. Mais après l’exécution du nœud de transfert 384 jours plus tard, pas de rencontre. Ne pas paniquer. Des calculs de correction de trajectoire sont lancés sur le calculateurs. Mais pour une raison inconnue, la rencontre est loin de l’apoapsis de la trajectoire, qui coupe désormais l’orbite de Kerbin un peu abruptement. Tant pis, on fait avec ce qu’on a, y’a encore assez de delta-v dans le vaisseau pour pallier quelques marges d’erreur supplémentaires. Nos deux Kerbonautes regardèrent Eeloo diminuer de taille pour finalement disparaître alors qu’ils quittaient sa SOI, pour ensuite effectuer la correction qui les ramènera chez eux, plus deuxième un an plus tard dans leur « descente » pour passer proche de Kerbin.
Après presque 7 ans de « chute » vers le centre du système, au cours de laquelle le contact radio avec le KSCFS fut rétabli (un peu avant l’orbite de Duna), Jeb et Val aperçurent enfin cette fameuse bille bleue : Kerbin, leur bien aimée planète mère. A l’entrée dans la SOI, il fallut encore faire une correction : en effet, le periapsis ne passait pas dans l’atmosphère, un fait délibéré car en fonction de la quantité de carburant restante serait décidé ou non de faire le retour maintenant. Il reste alors 4675 m/s, cela fut jugé suffisant. Une fois la correction faite, avec un periapsis final à 44 km. L’étage technique du lander fut alors largué, pour économiser de la masse et donc du carburant. Mais la vitesse était encore trop importente : le lander rentrerait a plus de 7500 m/s dans l’atmosphère, chose évidemment destructrice et mortelle. Un ultime noeud de manœuvre fut posé afin de l’abaisser à une valeur plus raisonnable : 4769 m/s de freinage. Avec les moteurs nucléaire, le burn fut réalisé de l’altitude de 6500 à 500 kilomètres, pendant vingt minutes. Après un abaissement du periapsis (rehaussé par la manœuvre) à 43 km fut réalisé un ultime burn en rétrograde pour ramener la vitesse autour de 3100 m/s, et l’étage de propulsion fut largué à 250 km : il lui restait 1480 m/s, mais valait mieux le larguer un peu plus tôt pour qu’il ait le temps de s’éloigner, afin de ne pas représenter un obstacle gênant pour la dernière phase de la mission. La conserve passa la ligne de Karman (70km) a 3400 m/s, et commença à chauffer dix kilomètres plus bas. Alors que les ingénieurs pensaient que les pieds d’atterrissage seraient détruits car non protégés par le bouclier thermique, ceux ci tinrent bon jusqu’à ce que la chaleur diminua vers 20 000 mètres, quand le vaisseau passa la barre des 1000 m/s. Puisque les pieds avaient tenu et que le point d’impact était sur la terre ferme, ils furent déployés pour un atterrissage plus confortable, en plus d’apporter leur petite contribution au freinage (je suppose). Les parachutes se déployèrent à 2000 mètres, pour complètement s’ouvrir à 300 mètres, comme prévu.
10 ans, 91 jours, 5 heures et 49 minutes après leur départ du pas de tir, Jebediah et Valentina Kerman étaient de retour de Eeloo. Le premier était tellement content de rentrer chez lui qu’il n’attendit même pas le déploiement de l’échelle, et fit une petite chute (heureusement que les kerbals sont solides), tandis que son amie était plus prudente, et descendit en sécurité. Nos deux héros plantèrent le drapeau dans la verdure en souvenir de leur voyage, et quand ils furent rapatriés au centre un peu plus tard, ils laissèrent le lander derrière eux, témoin majeur de la dernière mission du KSCFS…
Gameplay de la mission : https://youtu.be/lBEx3wniDzM
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FSTH000.