Trois nouveaux arrivants sur l’ISS

Soyuz MS-09 Banner

Après le retour sur Terre de Soyuz MS07 le 3 juin 2018, il n’y avait plus que trois astronautes sur la station spatiale internationale. C’est pourquoi le 8 juin, un nouvel équipage décollait de Baïkonour pour rejoindre l’ISS après deux jours de voyage et 34 orbites. Cet équipage du Soyuz MS09 comportait l’américaine Serena Auñón-Chancellor, le russe Sergey Prokopyev et enfin l’allemand Alexander Gerst.

Les trois astronautes

Serena Auñón-Chancellor

Seran M Aunon (NASA)

Cette astronaute américaine née le 9 avril 1976 effectuait son premier vol dans l’espace à bord de cette mission et était nommée second ingénieur de vol. Elle est titulaire d’un diplôme en ingénierie électrique, d’un doctorat de médecine ainsi qu’un master de santé publique. Serena a d’ailleurs été embauchée par la NASA en tant que médecin de vol. Elle a ainsi passé plus de neuf mois en Russie pour préparer des vols sur l’ISS et est aujourd’hui chargée de la direction des opérations médicales pour le développement de la nouvelle capsule Orion. Elle a été sélectionnée par la NASA lors de la promotion de 2009 et a achevé son entraînement basique en 2011. Même si elle devra attendre 2018 pour décoller, elle n’a pas attendu sans ne rien faire. En effet dès 2012, Serena participe à la mission NEEMO 16 en tant qu’aquanaute.

Les mission NEEMO, acronymes de NASA Extreme Environment Mission Operations, se déroulent dans le laboratoire sous-marin Aquarius. Ce dernier est la seule et unique station de recherche sous-marine permanente. Elle se situe à 5,6km des côtes de la ville de Key Largo en Floride et à près de 19m sous la surface, là où la pression est déjà trois fois plus importante qu’à la surface. Ces missions NEEMO ont deux objectifs majeurs : entraîner les astronautes et les préparer à aller vivre dans l’espace mais aussi développer des solutions à nos problèmes terrestres en utilisant les océans et en évaluant les possibilités d’une habitation sous-marine.

Serena participera à nouveau à ces missions sous-marines en 2015 avec le 20ème équipage. Malgré ces deux missions, Serena ne devait pas partir aussi tôt. Effectivement ça aurait dû être à Jeanette Epps de partir à bord de Soyuz MS09. Cette dernière serait ainsi devenue la première femme afro-américaine à vivre sur la station. D’autres femmes de même ethnie avaient déjà réalisé des séjours dans l’ISS mais ceux-ci ne dépassaient pas la vingtaine de jours. L’annonce du changement de Jeanette vers Serena a été annoncé le 16 janvier 2018, juste six mois avant le décollage. La NASA n’a pas donné de raisons à cette modification et à annoncer que ce genre d’informations sont privés. Comme souvent dans ce genre de situation où une personne afro-américaine est remplacée par une caucasienne, le public crie souvent au racisme et ici c’est le frère de Jeanette Epps qui a posté sur Facebook le 20 janvier un message de diffamation envers la NASA : « Ma sœur Jeanette Epps s’est toujours battue contre l’oppression raciste et la misogynie au sein de la NASA et voilà qu’ils la retiennent et qu’ils laissent une astronaute caucasienne prendre sa place ! ». Au final, Serena devient la deuxième femme d’origine hispanique à voler dans l’espace !

Sergey Valeriyevich Prokopyev (Сергей Валерьевич Прокопьев)

Sergey Prokopyev (Roscosmos)

Ce cosmonaute russe né le 19 février 1975 effectuait ici son premier vol spatial. Il a été nommé commandant de Soyuz MS09. Sergey était un major et commandant d’un escadron de Tu-160 de l’armée l’air russe avant d’être sélectionné pour devenir cosmonaute en octobre 2010. Il a suivi un entraînement basique au vol spatial pendant plus de deux ans.

Assigné en tant que commandant de secours sur Soyuz TMA-18M, Sergey devait initialement être le commandant de Soyuz MS-08. Pour cause de coupes budgétaires russes, il fut retiré de ce vol et assigné à la place commandant de secours sur Soyuz MS-07 fin 2018, avant d’enfin décoller à bord de Soyuz MS09.

Alexander Gerst

Alexander Gerst (ESA)

Cet astronaute allemand né le 3 mai 1976 vole ici pour la deuxième fois dans l’espace. Il a reçu un master en géophysique à l’Université de Karlsruhe en Allemagne. Entre 1998 et 2003, Alexander a participé à de nombreuses collaborations scientifiques et quelques expériences de terrains dont certaines dans les bases de l’Antarctique. De 2001 à 2003, Alexander continuait ces études en passant un master en sciences de la Terre. Pendant ces recherches pour sa thèse, il mit en place une nouvelle technique de surveillance des volcans. Cette technique pourrait améliorer les prédictions d’éruption volcanique et ses résultats ont été publiés dans le magazine scientifique Science. Jusqu’à 2009, Alexander a travaillé en tant que chercheur à l’Institut de Géophysiques et a reçu son doctorat en sciences naturelles en 2010.

En 2007, il a reçu le prix Bernd Rendel du DFG German Research Foundation, équivalent allemand du CNRS français. Plusieurs de ses recherches ont été publiées et certains résultats ont même parus dans Nature.

Citation d'Alexander Gerst
Citation d’Alexander Gerst après son premier vol dans l’espace en 2014

En 2009, Alexander Gerst est sélectionné comme astronaute dans l’ESA. Sa promotion, les Shenanigans compte notamment Samantha Cristoforetti, Luca Parmitano, Andreas Mogensen, Matthias Maurer, Tim Peake et Thomas Pesquet. Alexander est le premier astronaute de cette sélection à voler pour la seconde fois mais il est surtout le premier allemand qui commandera l’ISS. En effet, il sera la commandant officiel du laboratoire spatial pendant les trois mois de l’expédition 57. Son premier vol était pour la mission Soyuz TMA-13M et a ainsi fait parti des expéditions 40/41 en 2014. Cette première mission était également nommée « Blue Dot » par l’ESA tout comme sa seconde mission est nommée « Horizons ». Lors de son premier séjour, Alexander a pu participer à une sortie extravéhiculaire (EVA) de 6h13min.

Lancement

Ainsi, ces trois astronautes ont décollé depuis le pas de tir historique de Baïkonour d’où s’est élancé Youri Gagarine il y a de cela 57 ans. Le lancement a eu lieu à 13h 12min 41sec, heure de Paris, et a duré très précisément 528 sec jusqu’à la mise en orbite du vaisseau. Une grande différence par rapport aux vols de Soyuz habituels était la présence d’une caméra à l’extérieur du vaisseau Soyuz et pointant vers le bas. Même si cette vue nous a montré de magnifiques images de la séparation du troisième étage, elle avait surtout un but scientifique. Etant donné que ce sera bientôt une variante de la fusée Soyuz 2.1a qui remplacera la Soyuz FG dans le rôle d’envoi d’astronautes, les ingénieurs de Roscosmos devaient s’assurer que la séparation du dernier étage se déroulait comme prévu.

Voyage et docking

Une fois le vaisseau Soyuz en orbite, les panneaux solaires et antennes de celui-ci se sont déployés sans accroc. Il ne restait plus qu’aux astronautes à patienter deux longs jours dans un espace de 9m3 avant de pouvoir rejoindre la station. Pendant cette attente, la capsule aura effectué 34 orbites autour de la Terre ! Pourquoi ne pas avoir choisi le trajet en six heures ? La raison est plutôt simple. Pour relier l’ISS en six heures, le lancement doit être réalisé depuis une position très précise. Cependant cette position peut être gênée par un trajet abondant de satellites bloquant ainsi le voyage « rapide ».

Soyuz MS09 a donc atteint la station le 8 juin avant de s’y docker à 15h01, heure de Paris. Ce docking a eu lieu en automatique (comme toujours) sur le nadir du port Rassvet. Le port Rassvet se situe juste à la liaison entre la partie russe et la partie américaine de la station. Le nadir signifie le « bas » de la station, autrement dit du côté où est la Terre. Ainsi, dire que le Soyuz s’est docké au nadir, veut dire qu’il s’est arrimé en faisant dos à notre planète. Ce docking s’est passé comme prévu et les trois astronautes ont enfin pu quitter leur capsule deux heures plus tard.

En effet, il faut attendre encore avant de pouvoir ouvrir le sas. La pression atmosphérique du Soyuz et de l’ISS étant différentes, il faut les équilibrer lentement mais aussi vérifier que la liaison est étanche. Juste après être arrivé à bon port, les astronautes ont pris contact avec le sol pour parler avec leurs proches mais aussi répondre rapidement à certaines questions.

Au final, la station a de nouveau six occupants dont trois américains, deux russes et un allemand. Les trois occupants qui étaient déjà sur la station avant ce décollage repartiront en août 2018 tandis que les habitants de Soyuz MS09 rentreront en décembre. En attendant, les six astronautes réaliseront de nombreuses expériences scientifiques mais aussi des maintenances de la station qui devra continuer d’opérer jusqu’à au moins 2024 !

Aure